On s’en moque, on humilie leurs propos à ces fichus hypocondriaques ! Parce qu’ils nous barbent, parcequ’il nous parait illogique, idiot et absurde de se montrer effrayé par le moindre bobo, la moindre sensation ou le moindre renflement ici ou là sur le corps.
On essaie de les raisonner, de les rassurer et puis on fini par ne plus les écouter…
Ils sont lassant ces hypocondriaques.
Il semble évident à quelqu'un de « normalement constitué », quelqu'un qui s’aime et qui n’a pas peur à outrance de tout et n’importe quoi, qu’une explication rationnelle vient à bout de toute angoisse inappropriée.
Rien ne vient vraiment à bout d’une angoisse hypocondriaque…
Rien ? Pas vraiment.
Lorsque l’entourage a définitivement baissé les bras, après avoir bien tâtée la gorge à la demande du malade imaginaire, « non, tu n’as pas de boule sous le bras… » Bien observé ce bouton : « c’est plus probablement une petite verrue ou un bouton qu’un grave cancer de la peau, arrête de t’inquiéter… »
Puis lorsque ce même malade a écumé, épuisé et essoré les médecins, les magnétiseurs, les dermatologues, que son corps est passé à travers toutes les IRM, les scanners, les coloscopies, les radios et les analyses sanguines possibles et imaginable… tombant parfois (par chance) sur une petite pathologie qui nécessite traitement, (car oui, même les hypocondriaques tombent malades), après tout ceci… ne reste à notre malade éperdu que le triste et vaste cimetière de l’espoir qu’est internet.
L’enfer. Le panorama de toutes les horreurs qui peuvent survenir, de toutes les possibilités les plus affreuses de la condition humaine charnelle. Les maladies… rares, fulgurantes, tellement difficiles à diagnostiquer que même les meilleurs médecins peuvent passer à coté de la seule et unique chance de s’en sortir…
(Quand il y a une chance.)
L’hypocondrie, c’est une espèce de paranoïa corporelle… un enfer de la conscience du corps : une conscience malade, en hyper-vigilance, en hyper- interprétation, hyper-projection…
L’hypocondrie c’est un système d’alarme mal réglé, capricieux et ultra sensible, et qui craint avant même l’intrusion, le simple frôlement, la moindre proximité du danger et qui interprète des signaux anecdotiques comme étant réellement révélateurs d’un drame vital imminent.
Drame vital imminent… Personne ne le sait, personne ne le voit mais eux : ILS LE SENTENT.
Cette fois ci c’est sur il a quelque chose de grave, et comme personne ne le croit jamais il va certainement en mourir.
« MOUURIIIR non, pas ça !!! « hurle constamment l’hypocondriaque dans son inconscient survolté.
La terreur du malade est réelle. Et cette dénomination de « maladie imaginaire « est un calvaire qui s’ajoute à cette terreur fondamentale. C’est un abandon par-dessus la torture.
Quelle difficulté pour les médecins d’accueillir et de traiter justement leurs patients hypocondriaques… quel casse-tête pour les thérapeutes qui s’enchainent dans son sillage… et pour lui, tout autant : quel enfer que le panorama de la mort devant les yeux tout au long de l’existence.
Et pourtant l’hypocondrie, ça se soigne.
Enfin ça se soigne… ça se maitrise plutôt.
Ça se dompte, ça s’apprivoise…
Les anciens hypocondriaques sont comme les anciens alcooliques : vulnérables à cette sollicitation, très vulnérables…. Aussi, une fois dompteurs de démons intérieurs aguerris, devront-ils se tenir à distance des atours et des tentatives d’hameçonnage de leurs bourreaux subconscients.
Certains témoignent après des années de sevrage :
-« j’ai failli craquer… j’ai eu un ganglion gonflé pendant 3 semaines, j’ai cru que j’allais retomber… »
- il a suffit que le pharmacien me dise « Attention quand même y’a des cas de méningites « pour que ne ferme plus l’œil de la nuit et que je vérifie la souplesse de mon cou toutes les cinq minutes. »
C’est pourquoi le traitement de l’hypocondrie par l’hypnose, ou par l’EFT (par exemple) et qui donne d’excellents résultats doit impérativement être accompagné d’un processus d’entrainement et de rééducation de la pensée et d’hygiène émotionnelle.
Il ne sert à rien de recevoir un patient hypocondriaque, de résoudre l’angoisse présente et de le relâcher dans la nature hostile tout seul. Parce que l’hypocondrie (et c’est assez déplaisant à entendre pour eux) relève d’un phénomène d’immaturité affective et pas d’ une somatisation de surface ou d’un symptôme quelconque.
Entendons nous bien, je ne suis pas en train de traiter les hypocondriaques de débiles, bien au contraire, ils développent d’ailleurs des trésors de connaissances médicales et de capacité d’associations d’idées tout à fait surprenants. L’immaturité à laquelle je fais référence est un symptôme de carence directement liée à la construction de la personnalité.
L'enfance insécurisée est le terreau de ce type de pathologie, et comme le voyage dans le temps n’est pas encore accessible thérapeutiquement (sous nos latitudes en tous cas) il faut bien trouver un moyen de s’occuper de cet enfant apeuré, caché sous des strates et des strates d’armures, de carapaces et de masques sociaux.
L’hypnose permet ce contact de reparentage, et il convient de mettre en place des routines d’auto-rééducation de cet « enfant intérieur » et de garder un suivi et un accompagnement à moyen terme pour renforcer les acquis et stimuler la maturation émotionnelle du malade.
Ce procédé thérapeutique est pourtant compatible avec l’idée que l’on fait des thérapies cognitivo-comportementales classiques et des thérapies brèves.
Une aubaine donc pour ces malades mal-aimés de la société et qui ont un besoin impératif de pragmatisme, de soutien et d’outils concrets pour le soulagement de leur désarroi, car ils peuvent enfin espérer sortir de ce cercle vicieux épuisant en quelques mois, et même parfois moins.
Tenez hypocondriaques :
Des bisous qui guérissent et une sacrée invitation à entamer une thérapie positive <3
Écrire commentaire
esther (jeudi, 27 juillet 2017 12:51)
ah, je connais des personnes ainsi et quand on m'avait mis sous medicaments anti psychotiques jç ai connue cet enfer personnellement... non, ce n'est pas une dramatisation pur et simple, mais un vrai probleme de pensees derangees. merci pour cet article fort utile que je vais partager