De la binarité de la prise en charge de violences conjugales
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Les jugements de valeurs sont relatifs à l'expérience et le référentiel d'un individu.
Les thérapeutes, médecins et accompagnants restent des individus et il leur est parfois difficile de s'extraire de leur
expérience et de leur point de vue nécessairement incomplet pour aborder ceux qu'ils accompagnent au cabinet ou en institution .
Au cours de mes nombreux échanges entre professionnels de l'accompagnement mais aussi chez mes patients sur ces 15
dernières années, le sujet des
femmes victimes de violence conjugale a été mis sur le tapis de nombreuses fois, comme les axes de manipulation et de dépendance
perverse dans les relations sont un sujet que j'affectionne particulièrement, j'y suis particulièrement attentive.
J'ai pu entrevoir toute la terreur que suscitait chez tous et chacun le classique retour de la victime au chevet de son
bourreau désemparé par la séparation .
Les réactions variant de la révolte au dédain ,jusqu'à à la compassion désarmée, ne faisant suite qu'en une série de
questionnements et de doutes , ou encore d'allants de soit sans espoir .
Je ne vais pas entrer ici dans les détails des schémas d'interdépendance perverse, il nous faudrait 3 tomes pour en
faire le tour.
Nous sommes relativement éduqués à une vision binaire dans la prise en charge moderne( médicale &
psychologique.)
- Victime /Bourreau
- Malade / sain
- Fou/equilibré et, bien évidemment le sacro saint:
- Bien / Mal , que l'on croit hériter de ce qu'on désigne habituellement comme le fruit de notre éducation judéo/ chrétienne, mais qui n'est le seul héritage que du morcellement arbitraire des savoirs, des corps et des systèmes relationnels , depuis l'éclatement des Sciences Nobles en 1666 lors de la création de l'académie des Sciences, puis achevées à coup de pillon par les lumières pendant 1 siècles ( il n'y a pas si longtemps que cela, à échelle humaine ).
Bref , cette binarité cognitive demande une classification périlleuse , pire principalement source
d'échecs et de souffrance.
Ce système terrorise, culpabilise sans pour autant révéler les fameux trésors que la culpabilité éclairée autorise ( la
responsabilité , le libre arbitre , le libre changement, la résilience autonome etc). Il sépare les êtres et les
confine à des rôles quasiment inextricables.
Tout est ici question de scénario:
Les Hommes avancent et se construisent par prophéties, croyances et soumissions a des principes ( inculqués ou
choisis)
Sans Histoire, pas d'histoires d'hommes et de femmes .
Ensuite intervient manifestement et systématiquement le principe de cohérence, qui incline chacun à conformer ses
pensées, ses actes et son environnement de façon à ce que le système dans lequel il évolue "semble" cohérent ( peu importe qu'il soit heureux ou
malheureux ).
C'est dans ce souci subconscient de vraisemblance au système du sujet que se perfectionne le terreau de l'axe
pervers et donc de la souffrance inextricable du principe bourreau / victime ( entres autres)
Pour détruire l'axe, il convient de défaire cette vraisemblance diversive , cela vaut pour la thérapie en soit mais
aussi pour le regard du thérapeute sur celui ou celle qui demande son assistance .
Dune Norynberg